Nouvelles Dans l'Ascenseur est un recueil commun à 8 auteurs selectionnés dans le cadre d'un concours organisé par la toute jeune maison d'édition EnVolume.
Ma nouvelle, 22 Rue Pascal, écrite à la fin de l'été, a la forme d'un "journal de bord, caustique et touchant"
Ecoutez l'interview que j'ai donnée à l'occasion de la publication du recueil.
Lisez la critique Babelio.
Extrait
« [...] L’heure avance, ça va être calme pour la nuit maintenant, tout le monde est rentré.
Sauf le gamin du quatrième. Mais bon, il découche souvent celui-là, c’est de son âge. Il doit faire la fête tard et dormir chez des copains. Ou avec ses conquêtes. Il faut dire qu’il est beau garçon,
le Valentin. Et il le sait, hein ! Il suffit de voir comment il se regarde. Et je remets une mèche rebelle en arrière. Et je souris comme pour vendre un dentifrice. Et je pose. Enfin, quand il est
seul. Parce que quand il est accompagné, il m’ignore, ça c’est sûr.
La vieille dame du premier, elle, elle marche. Je l’entends parfois, mais je ne la vois pas, elle préfère les escaliers. C’est bien, c’est bon pour toi, Huguette. Tant que tu peux encore, toi,
entretiens la machine ! Donc, je ne sais pas si elle est rentrée, mais je sais bien qu’elle ne sort plus le soir depuis de longues années…
Quoi ? Hein ? Qu’est-ce qu’il se passe ? C’est quoi cette lumière à quatre heures du matin ? Et ce vacarme ?
C’est toi, Valentin ? Mais ce n’est pas une heure pour rentrer ! Je dormais, moi ! Et les autres habitants, tu as pensé à eux ? Tu sais bien qu’aussi cher que soit le mètre carré, les murs, c’est du
carton ici. Ça ne te ressemble pas, pourtant. D’habitude, tu rentres le lendemain, plutôt même en fin de matinée, voire bien plus tard quand tu vas directement à la fac après tes soirées. Bon, là, on
est dimanche. Mais quand même.
Je note que tu sors souvent avec ton petit sac à dos. Je sais bien ce que tu y ranges. Tu te souviens le jour où tu y cherchais fiévreusement je ne sais plus quoi et que tu as renversé le contenu sur
le sol ?
J’ai bien vu. Tu es un garçon prévoyant et soigné. Un caleçon et une paire de chaussettes propres, une brosse à dents, une boîte de préservatifs. Et puis des clés, un portefeuille. Il y avait un
livre aussi.
Un livre de poche. Un roman que je ne connaissais pas.
Souvent quand tu rentres le lendemain, tu ne portes pas la même chemise que la veille. Peut-être les autres fois as-tu aussi une chemise de rechange ? Ou en empruntes-tu une à un ami ?
Là, tout de suite, je ne te reconnais pas. Les cheveux en bataille. Voilà que tu me fais des grimaces ! Tu as bu plus que de raison, c’est ça. Te voilà qui souffles et fais des dessins avec ton
index. Heureusement que je ne peux pas sentir ton haleine. La deviner est déjà bien suffisant. Arrête, tu vas laisser des traces de tes dessins qui ne ressemblent à rien. Au lit,
Valentin ![...]