Une boule dans le ventre. Surtout ne pas le montrer.
La lumière est vive, trop sans doute, l’air étouffant. Zoé déteste les endroits sans fenêtre. Le système d’aération ne vaut pas un vrai courant d’air. Il est tôt mais déjà ses narines délicates sont incommodées par les odeurs humaines. Des relents de sueur. Elle grimace.
Elle est tendue.
Zoé n’est plus une gamine, elle a de la bouteille ; elle inspire profondément.
Allez quoi, ce ne sont pas quelques adolescents qui vont l’impressionner !
Bon, ils sont plus de cent, les étudiants devant elle, et pas si adolescents que ça - d’ailleurs, elle en rira avec ses copines de tous ces beaux jeunes hommes craquants !
C’est son métier, depuis plus de quinze ans, elle va y arriver.
Oui, mais là, c’est différent. L’amphithéâtre, elle ne maîtrise pas. Et puis, il y a le diaporama. Elle aime faire les choses simplement, à sa façon, à l’ancienne. Mais là, pas le choix, il faut utiliser l’ordinateur, jouer la carte de la modernité. Et pas seulement devant un public d’étudiants.
Non, il y a les collègues aussi. Et ça, ça la tracasse.
L’enseignant est habitué à être seul dans sa classe. Face à ses élèves, ses étudiants.
Une solitude parfois douloureuse, mais que Zoé a toujours appréciée. Une liberté qui lui est chère. Sans doute s’est-elle ainsi toujours sentie le maître du jeu.
Elle et son incessant besoin de tout contrôler. Jusqu’à son allure, bien sûr. Elle a tout particulièrement soigné sa tenue aujourd’hui. Belle, sobre, de hauts talons, un décolleté, mais pas trop profond, juste ce qu’il faut pour être séduisante. Une touche de son parfum préféré.
Un côté théâtral aussi qu’elle aime. Elle qui rêvait à dix-sept ans de vivre de ses talents de comédienne ! Elle qui n’a jamais été aussi heureuse que sur une scène…Quel plaisir de monter sur les planches et de laisser s’exprimer toutes les palettes d’émotions enfouies au plus profond de son être. Sur scène, elle était une autre, elle se révélait. Tremblante, le cœur qui battait à lui en faire mal, elle vivait son personnage en se donnant corps et âme.
Elle n’est pas comédienne. La vie en a décidé autrement. Ou devrait-on dire, ses choix l’ont menée sur une autre route.
Une petite pointe d’amertume à l’évocation de ces souvenirs, mais pas de regret. Ses dix-sept ans sont loin. Un instant, elle se rappelle la troupe, son amie Véronique, le beau Gabriel qui lui fit tourner la tête en lui donnant ses premiers émois de femme. Ces souvenirs la troublent.
Elle les balaie, ce n’est pas le moment.
[...]
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